Assistance sexuelle ...
Vie affective et sexuelle des personnes handicapées
Question de l’assistance sexuelle
http://next.liberation.fr/sexe/2013/03/08/the-sessions-une-veritable-histoire-d-assistance-sexuelle_886982
"The sessions" : un film fort qui aborde un sujet, oh combien, sensible et délicat, le rôle des assistant(e)s sexuel(le)s pour les personnes handicapées.
Le comité consultatif national d'éthique a été saisi de la question et a rendu un avis très mesuré, tout en nuances, que je partage en grande partie (même si je comprends la détresse de certains), et que je vous recommande de lire.
Texte intégral de l'avis rendu par le Comité sur la question délicate et terriblement humaine de la vie affective et sexuelle des personnes handicapées et la question sous-jacente de l'assistance sexuelle.
http://www.ccne-ethique.fr/upload/avis_118.pdf
http://next.liberation.fr/sexe/2013/03/12/handicap-le-comite-d-ethique-defavorable-aux-assistants-sexuels_887951
Conclusion et recommandations de l'avis :
"Les trois questions de la saisine relatives à l’intimité des personnes handicapées, dans le respect de leur liberté affective et sexuelle ont été débattues autour de trois positions : ce qui est admis, ce qui est refusé et ce qui est discuté.
Les deux premières questions interrogeaient sur le rôle de l’Etat mais aussi de la société en général.
- Il revient à l’État de doter les personnes handicapées de moyens financiers suffisants, de développer l’accessibilité dans l’espace public comme les capacités de leur accueil et de leur hébergement et d’avoir le souci de la formation des professionnels. Les évolutions récentes de la loi sont en synergie avec l'exigence de solidarité à l’égard des personnes handicapées et de leurs
proches. Encore faut-il qu’elle soit connue et appliquée. Pour autant, améliorer la situation des personnes handicapées ne relève pas seulement de l’intervention de politiques publiques. Tout ne peut relever de l’Etat et affirmer le contraire serait une façon d’esquiver le problème.
- Faire toute leur place à ces personnes est en effet une affaire collective dont chacun porte la responsabilité. L’isolement entraîné par les différentes formes de handicap et les exclusions qui leur sont liées causent beaucoup de souffrances. Elles limitent les occasions de rencontres au
cours desquelles, reconnues comme hommes ou femmes, ces personnes pourraient nouer les liens sociaux et affectifs auxquels elles aspirent. A cet égard, c’est dès l’enfance que l’intégration des personnes handicapées doit se faire et dès le plus jeune âge qu’enfants valides ou handicapés devraient cohabiter pour reconnaître et accepter la différence et être éduqués en ce sens.
- Avant même de parler de la sexualité, c’est le regard échangé qui définit les possibilités de rencontres. Cette affirmation vaut pour les personnes handicapées comme pour les personnes valides. Ni l’Etat, ni le milieu associatif ne pourront à eux seuls faire évoluer le regard posé par la société sur les différentes formes de handicap et la difficulté du lien social. Cet engagement
doit aussi être citoyen.
Mais la revendication portant sur la vie sexuelle ne peut être évacuée derrière celle de l’affectivité, même si elle lui est très liée.
Elle interroge la question du corps et des exclusions, de la rencontre avec l’autre, liées à la fois à la situation de ce corps lui-même et au regard porté sur lui.
Cela nous amène à répondre à la troisième question de la saisine qui concerne les moyens à développer pour promouvoir chez les personnels du secteur sanitaire et social les bonnes pratiques relatives à la vie privée, au respect de la liberté et de la dignité des personnes handicapées. Les demandes d’assistance à la vie sexuelle sont très diverses et ne mettent pas en jeu le corps d’autrui de la même façon.
Améliorer le confort des personnes concernées et de leurs familles passe par un abord bien compris des questions touchant à la sexualité. Une formation appropriée est nécessaire.
- Il convient de promouvoir la formation des personnels soignants et éducatifs tant sur la question de la sexualité que sur le questionnement éthique et de se préoccuper de leur soutien.
Cette formation doit avoir un côté "technique" comme par exemple faciliter le contact des personnes handicapées physiques, faciliter l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle. Elle doit déboucher sur une éducation adaptée à la spécificité de chacun, dans le respect de son intimité et de son souci de discrétion.
En ce sens, il convient donc de soutenir les recherches et initiatives existantes : certains responsables d’établissements sont assez avancés dans des projets expérimentaux consistant en particulier à aider des couples formés de personnes handicapées à s’installer en milieu ordinaire.
Le CCNE considère que la vigilance s’impose lorsque le corps d’un professionnel est mis en jeu pour des contacts intimes.
Comment pour le professionnel mettre en jeu son intimité physique ou sexuelle sans que le choix de sa volonté ne soit accompagné de celui de son désir ? Comment faire de cette activité un geste comme un autre, sans plus d’incidence qu’un massage thé****utique par exemple ?
- Le rapport de la commission parlementaire traitant de la prostitution inclut la question de l’aide sexuelle aux personnes handicapées. Les associations de personnes handicapées qui revendiquent cette aide contestent cette assimilation à la prostitution. Il est pourtant difficile de la qualifier autrement, sauf à en faire une activité non rémunérée.
- Les documents consultés et les auditions ont montré combien la situation d’aidant sexuel est loin d’être facile. Il est apparu que l’aidant pouvait se trouver malmené même involontairement et la relation sexuelle devenir différente de ce qui avait été prévu contractuellement. Ont été évoqués également les situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils
peuvent être eux-mêmes victimes. Le refus de l’angélisme à cet égard doit être général et concerner toutes les personnes impliquées.
- On ne peut évacuer la difficile question de l’instrumentalisation, même consentie, rémunérée ou compassionnelle du corps d’une personne pour la satisfaction personnelle d’une autre. Il ne peut être considéré comme éthique qu’une société instaure volontairement des situations de sujétion même pour compenser des souffrances réelles. Le CCNE considère qu’il n’est pas
possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain.
Si la sexualité peut être source de plaisir, elle peut être aussi le champ de toutes les v******es y compris lorsqu’elle ne peut se vivre. force est de constater qu’il n’y a pas une norme qui serait celle de l’harmonie et de l’équilibre, mais une réalité plurielle dont nous devons prendre
conscience, plus ou moins brutalement, plus ou moins crûment. La complexité de ce qui y est mis en jeu nous oblige à entendre les questions dérangeantes sur la dignité, la vulnérabilité, et les limites de ce qui est éthiquement acceptable.
En conséquence en matière de sexualité des personnes handicapées, le CCNE ne peut discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale, facilitation bien détaillée dans la Loi qui s’applique à tous. Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu’elle dépende
d’autres initiatives qu’individuelles."
Paris, le 4 octobre 2012
Question de l’assistance sexuelle
http://next.liberation.fr/sexe/2013/03/08/the-sessions-une-veritable-histoire-d-assistance-sexuelle_886982
"The sessions" : un film fort qui aborde un sujet, oh combien, sensible et délicat, le rôle des assistant(e)s sexuel(le)s pour les personnes handicapées.
Le comité consultatif national d'éthique a été saisi de la question et a rendu un avis très mesuré, tout en nuances, que je partage en grande partie (même si je comprends la détresse de certains), et que je vous recommande de lire.
Texte intégral de l'avis rendu par le Comité sur la question délicate et terriblement humaine de la vie affective et sexuelle des personnes handicapées et la question sous-jacente de l'assistance sexuelle.
http://www.ccne-ethique.fr/upload/avis_118.pdf
http://next.liberation.fr/sexe/2013/03/12/handicap-le-comite-d-ethique-defavorable-aux-assistants-sexuels_887951
Conclusion et recommandations de l'avis :
"Les trois questions de la saisine relatives à l’intimité des personnes handicapées, dans le respect de leur liberté affective et sexuelle ont été débattues autour de trois positions : ce qui est admis, ce qui est refusé et ce qui est discuté.
Les deux premières questions interrogeaient sur le rôle de l’Etat mais aussi de la société en général.
- Il revient à l’État de doter les personnes handicapées de moyens financiers suffisants, de développer l’accessibilité dans l’espace public comme les capacités de leur accueil et de leur hébergement et d’avoir le souci de la formation des professionnels. Les évolutions récentes de la loi sont en synergie avec l'exigence de solidarité à l’égard des personnes handicapées et de leurs
proches. Encore faut-il qu’elle soit connue et appliquée. Pour autant, améliorer la situation des personnes handicapées ne relève pas seulement de l’intervention de politiques publiques. Tout ne peut relever de l’Etat et affirmer le contraire serait une façon d’esquiver le problème.
- Faire toute leur place à ces personnes est en effet une affaire collective dont chacun porte la responsabilité. L’isolement entraîné par les différentes formes de handicap et les exclusions qui leur sont liées causent beaucoup de souffrances. Elles limitent les occasions de rencontres au
cours desquelles, reconnues comme hommes ou femmes, ces personnes pourraient nouer les liens sociaux et affectifs auxquels elles aspirent. A cet égard, c’est dès l’enfance que l’intégration des personnes handicapées doit se faire et dès le plus jeune âge qu’enfants valides ou handicapés devraient cohabiter pour reconnaître et accepter la différence et être éduqués en ce sens.
- Avant même de parler de la sexualité, c’est le regard échangé qui définit les possibilités de rencontres. Cette affirmation vaut pour les personnes handicapées comme pour les personnes valides. Ni l’Etat, ni le milieu associatif ne pourront à eux seuls faire évoluer le regard posé par la société sur les différentes formes de handicap et la difficulté du lien social. Cet engagement
doit aussi être citoyen.
Mais la revendication portant sur la vie sexuelle ne peut être évacuée derrière celle de l’affectivité, même si elle lui est très liée.
Elle interroge la question du corps et des exclusions, de la rencontre avec l’autre, liées à la fois à la situation de ce corps lui-même et au regard porté sur lui.
Cela nous amène à répondre à la troisième question de la saisine qui concerne les moyens à développer pour promouvoir chez les personnels du secteur sanitaire et social les bonnes pratiques relatives à la vie privée, au respect de la liberté et de la dignité des personnes handicapées. Les demandes d’assistance à la vie sexuelle sont très diverses et ne mettent pas en jeu le corps d’autrui de la même façon.
Améliorer le confort des personnes concernées et de leurs familles passe par un abord bien compris des questions touchant à la sexualité. Une formation appropriée est nécessaire.
- Il convient de promouvoir la formation des personnels soignants et éducatifs tant sur la question de la sexualité que sur le questionnement éthique et de se préoccuper de leur soutien.
Cette formation doit avoir un côté "technique" comme par exemple faciliter le contact des personnes handicapées physiques, faciliter l’accès à des moyens mécaniques de satisfaction sexuelle. Elle doit déboucher sur une éducation adaptée à la spécificité de chacun, dans le respect de son intimité et de son souci de discrétion.
En ce sens, il convient donc de soutenir les recherches et initiatives existantes : certains responsables d’établissements sont assez avancés dans des projets expérimentaux consistant en particulier à aider des couples formés de personnes handicapées à s’installer en milieu ordinaire.
Le CCNE considère que la vigilance s’impose lorsque le corps d’un professionnel est mis en jeu pour des contacts intimes.
Comment pour le professionnel mettre en jeu son intimité physique ou sexuelle sans que le choix de sa volonté ne soit accompagné de celui de son désir ? Comment faire de cette activité un geste comme un autre, sans plus d’incidence qu’un massage thé****utique par exemple ?
- Le rapport de la commission parlementaire traitant de la prostitution inclut la question de l’aide sexuelle aux personnes handicapées. Les associations de personnes handicapées qui revendiquent cette aide contestent cette assimilation à la prostitution. Il est pourtant difficile de la qualifier autrement, sauf à en faire une activité non rémunérée.
- Les documents consultés et les auditions ont montré combien la situation d’aidant sexuel est loin d’être facile. Il est apparu que l’aidant pouvait se trouver malmené même involontairement et la relation sexuelle devenir différente de ce qui avait été prévu contractuellement. Ont été évoqués également les situations d’abus de la part des aidants comme les chantages dont ils
peuvent être eux-mêmes victimes. Le refus de l’angélisme à cet égard doit être général et concerner toutes les personnes impliquées.
- On ne peut évacuer la difficile question de l’instrumentalisation, même consentie, rémunérée ou compassionnelle du corps d’une personne pour la satisfaction personnelle d’une autre. Il ne peut être considéré comme éthique qu’une société instaure volontairement des situations de sujétion même pour compenser des souffrances réelles. Le CCNE considère qu’il n’est pas
possible de faire de l’aide sexuelle une situation professionnelle comme les autres en raison du principe de non utilisation marchande du corps humain.
Si la sexualité peut être source de plaisir, elle peut être aussi le champ de toutes les v******es y compris lorsqu’elle ne peut se vivre. force est de constater qu’il n’y a pas une norme qui serait celle de l’harmonie et de l’équilibre, mais une réalité plurielle dont nous devons prendre
conscience, plus ou moins brutalement, plus ou moins crûment. La complexité de ce qui y est mis en jeu nous oblige à entendre les questions dérangeantes sur la dignité, la vulnérabilité, et les limites de ce qui est éthiquement acceptable.
En conséquence en matière de sexualité des personnes handicapées, le CCNE ne peut discerner quelque devoir et obligation de la part de la collectivité ou des individus en dehors de la facilitation des rencontres et de la vie sociale, facilitation bien détaillée dans la Loi qui s’applique à tous. Il semble difficile d’admettre que l’aide sexuelle relève d’un droit-créance assuré comme une obligation de la part de la société et qu’elle dépende
d’autres initiatives qu’individuelles."
Paris, le 4 octobre 2012
11 年 前